La région arctique est devenue un domaine clé de la géopolitique mondiale, offrant des opportunités économiques sans précédent. Les États arctiques comprennent le Canada, le Danemark (avec le Groenland), la Finlande, l'Islande, la Norvège, la Russie, la Suède et les États-Unis. La question arctique devient de plus en plus stratégique, nécessitant une nouvelle approche des activités de renseignement.
Emanuela Somalvico, directrice de l'Observatoire de renseignement sur l'Arctique et directrice adjointe du cours de formation en renseignement de l'Université Méditerranéenne, souligne la concurrence croissante pour la suprématie dans l'Arctique. Dans son livre, Prospettiva Artico, Nuove sfide per l'Intelligence (2024), elle note que le changement climatique transforme la géographie de la région, facilitant l'accès à des ressources précieuses telles que les terres rares, les minéraux, le gaz et le pétrole. Cette transformation ouvre également de nouvelles routes commerciales maritimes et augmente le tourisme, affectant l'économie mondiale.
L'industrie de la pêche dans l'Arctique est significative, la région étant déjà un bassin de pêche crucial pour la Chine, le plus grand importateur de poisson au monde. L'Arctique, riche en ressources, devient essentiel pour les besoins énergétiques de l'Europe, offrant une plus grande indépendance en matière de matières premières stratégiques pour les transitions écologique et numérique. La stratégie européenne pour l'Arctique vise une approche globale, intégrant la politique maritime et la sécurité tout en protégeant l'environnement délicat de la région.
Le développement des infrastructures est vital pour les projets dans les zones polaires terrestres et maritimes, nécessitant des investissements substantiels. Cependant, ces changements significatifs risquent de transformer l'Arctique en une zone de conflit. De potentielles confrontations militaires pour le contrôle territorial et maritime pourraient surgir d'acteurs étatiques et non étatiques s'engageant dans des activités de faible intensité.
En octobre 2023, l'Amiral Rob Bauer, chef du Comité militaire de l'OTAN, a averti de possibles conflits militaires dans l'Arctique lors de l'Assemblée du Cercle arctique à Reykjavik. Il a souligné la nécessité pour l'OTAN de se préparer à des événements imprévus. La Fédération de Russie a repris la militarisation de ses territoires arctiques, tandis que l'armée américaine a développé un plan stratégique pour regagner la domination de l'Arctique, appelant à un engagement renouvelé de la part des alliés de l'OTAN dans le 'High North'. L'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN indique des changements dans les rapports de force.
De plus, le 'ICE Pact' (Icebreaker Collaboration Effort) signé en juillet 2024 par les États-Unis, le Canada et la Finlande vise à développer et construire conjointement de nouvelles unités brise-glace, essentielles pour maintenir une présence constante dans les eaux nordiques. Le Canada, deuxième pays arctique par sa taille, a publié une nouvelle politique étrangère arctique en décembre 2024, visant à se positionner comme un acteur clé dans les discussions internationales concernant l'importance croissante de l'Arctique.
Le livre décrit également les menaces hybrides potentielles, élargissant la zone grise où l'espionnage industriel et la criminalité organisée peuvent opérer, augmentant les risques de blanchiment d'argent et d'infiltration économique dans l'Arctique. Dans cette situation complexe et en évolution, le rôle du renseignement est crucial pour analyser les scénarios possibles et évaluer leurs implications pour les intérêts nationaux des États arctiques et la sécurité des populations arctiques.
L'Italie, observateur permanent du Conseil arctique depuis 2013, a un passé historique dans l'exploration polaire et peut jouer un rôle significatif dans l'enrichissement des connaissances pour intercepter et prévenir les défis et les opportunités dans la nouvelle perspective de l'Arctique.