Le 18 octobre 2024, le Bundestag allemand a approuvé un paquet de mesures de sécurité proposé par la coalition au pouvoir, qui comprend le Parti social-démocrate (SPD), les Verts et le Parti des démocrates libres (FDP). Le paquet se compose de deux volets principaux : l'un portant sur les lois sur l'immigration et le port d'armes, et l'autre élargissant les pouvoirs de la police et des services de sécurité pour lutter plus efficacement contre les menaces terroristes.
Les nouvelles mesures stipulent que les demandeurs d'asile qui devaient soumettre leur demande dans un autre État membre de l'UE en vertu de l'accord de Dublin ne seront plus éligibles aux prestations sociales si leur déportation est légalement et factuellement possible. Des exceptions seront faites pour les cas impliquant des enfants.
Les réfugiés voyageant temporairement dans leur pays d'origine et ceux condamnés pour des crimes antisémites ou homophobes perdront également leur droit à la protection. De plus, la législation vise à faciliter la déportation des personnes dont les demandes d'asile ont été rejetées.
Le paquet renforce également les lois sur les armes, interdisant le port d'armes, y compris les couteaux, lors de rassemblements de masse, avec des exceptions spécifiques pour certaines professions. La ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser (SPD), a souligné que cette mesure permet aux États d'imposer des interdictions supplémentaires sur les couteaux, qui peuvent être appliquées sans motif préalable.
La deuxième partie du paquet approuvé permet à la police et aux services de sécurité de comparer des données biométriques en ligne dans des cas spécifiques. La reconnaissance faciale et vocale via des applications automatisées ne sera autorisée qu'avec une ordonnance judiciaire, demandée par le chef de l'Office fédéral de la police criminelle (BKA) ou son adjoint. En cas d'urgence, le chef du BKA peut émettre des ordres valables pour un maximum de trois jours.
L'opposition et les organisations humanitaires ont critiqué le paquet. Les partis de l'Union (CDU/CSU) ont soutenu que les mesures étaient insuffisantes, le porte-parole de la CDU, Alexander Throm, qualifiant cela de 'largement inefficace.' L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) a critiqué la politique d'immigration, tandis que Clara Bünger du Parti de gauche a décrit le paquet comme 'une solution inefficace pour lutter contre l'extrémisme et l'islamisme.'
Le vice-président du FDP, Konstantin Kuhle, a reconnu les lacunes du paquet mais l'a jugé un pas dans la bonne direction. Konstantin von Notz, vice-président du groupe parlementaire des Verts, a défendu les changements juridiques comme raisonnables et appropriés, avertissant que les demandes de l'Union pour des rejets systématiques de migrants aux frontières allemandes menacent l'Europe.
L'organisation de réfugiés Pro Asyl a vivement critiqué les changements juridiques, affirmant que 'cette loi mène à un sans-abrisme et à une pauvreté délibérément provoqués parmi les demandeurs d'asile.'
Les changements législatifs ont été motivés par une attaque au couteau à motifs islamistes présumés lors d'une célébration de la ville à Solingen le 23 août, qui a fait trois morts et huit blessés. Le suspect, un ressortissant syrien, devait être déporté vers la Bulgarie en 2023, mais cela n'a pas eu lieu pour diverses raisons. Suite à cette attaque, la coalition au pouvoir a convenu de renforcer les lois concernant l'immigration et la possession d'armes, ainsi que d'accorder plus de pouvoirs aux enquêteurs.