Efforts de conservation des lamantins africains au lac Ossa, Cameroun

Édité par : Natalia Z.

Le Dr Aristide Takoukam Kamla consacre sa carrière à la protection du lamantin d'Afrique, une espèce méconnue et menacée des eaux douces de l'Afrique de l'Ouest. Son parcours a débuté il y a plus de dix ans au lac Ossa, au Cameroun, où il a appris à repérer ces mammifères marins discrets.

Pour apercevoir les lamantins, il est conseillé de visiter le lac à l'aube, lorsque l'eau est calme. Les observateurs peuvent voir les narines des lamantins émerger à la surface pour respirer.

Au départ, Kamla, diplômé en biologie marine, avait des idées reçues sur les lamantins, influencé par des vidéos de lamantins de Floride, qui sont très différents de leurs homologues africains. Son expertise s'est développée grâce à la collaboration avec des pêcheurs locaux, qui lui ont appris à localiser ces animaux dans les 4 500 hectares du lac.

Maintenant considéré comme son animal préféré, le lamantin africain est le sujet de ses recherches doctorales à l'Université de Floride et a reçu un prix Whitley prestigieux en 2024 pour la conservation de la biodiversité.

La chercheuse américaine Sarah Farinelli a récemment rejoint Kamla lors d'une expédition, où ils ont observé cinq lamantins, dont une femelle avec son veau. Cette observation était particulièrement significative, car les lamantins sont rarement vus dans de nombreuses régions d'Afrique.

Bien qu'ils soient présents le long de la côte ouest de l'Afrique, de la Mauritanie à l'Angola, le lamantin africain (Trichechus senegalensis) reste peu étudié, laissant de nombreuses questions sur leur population et leurs migrations sans réponse.

Considéré comme vulnérable et inscrit sur la liste rouge de l'UICN, le lamantin africain fait face à des menaces de braconnage et de destruction de son habitat. Kamla a fondé une organisation, l'AMMCO, axée sur la protection des mammifères marins en Afrique, s'attaquant à ces défis de front.

Alors que la pêche aux lamantins était autrefois courante, les réglementations locales ont depuis interdit cette pratique, et une statue en plâtre bleu commémore leur existence dans le village voisin. Cependant, la pollution provenant d'une raffinerie d'huile de palme à proximité et les filets de pêche posent des menaces continues à leur survie.

En 2021, une plante invasive, Salvinia molesta, a recouvert la moitié du lac Ossa, mettant en péril l'habitat des lamantins. Les scientifiques ont lancé un projet de contrôle biologique en utilisant un coléoptère spécifique qui se nourrit de la plante invasive, en impliquant l'aide des pêcheurs locaux. Trois ans plus tard, la plante invasive a presque disparu, restaurant l'habitat.

Kamla souligne l'importance de construire une relation de confiance avec les communautés locales pour faciliter des efforts de conservation efficaces. Il espère établir un circuit d'écotourisme pour protéger davantage les lamantins et engager la communauté dans la conservation.

Gilbert Oum Ndjocka, conservateur du parc national de Douala-Edea, souligne la nécessité pour tous les acteurs de collaborer dans les efforts de conservation, garantissant un avenir durable pour le lamantin africain.

Avez-vous trouvé une erreur ou une inexactitude ?

Nous étudierons vos commentaires dans les plus brefs délais.