Négociations kurdes en Syrie : 28 janvier 2025

Les négociations concernant le nord-est de la Syrie demeurent stagnantes, malgré les discussions entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) et l'administration de Damas. À ce jour, aucun progrès n'a été réalisé sur les positions et les termes divergents qui reflètent les visions conflictuelles des deux parties concernant l'avenir de la Syrie.

Sur le plan militaire, les affrontements se poursuivent entre la Salle des opérations de la liberté, qui regroupe des factions de l'Armée nationale syrienne, et les FDS près de la région du barrage de Tichrine dans l'est d'Alep. La Salle des opérations de la liberté, qui vise à avancer vers la campagne de Raqqa, bénéficie d'un soutien aérien turc limité.

Des sources proches de la nouvelle administration à Damas indiquent qu'une offre a été faite aux FDS pour résoudre le problème du nord-est de la Syrie. Cette proposition inclut la reconnaissance des droits culturels kurdes et leur intégration dans la future constitution, ainsi que la possibilité pour les Kurdes de participer aux institutions de sécurité et militaires. L'administration a souligné qu'elle ne serait pas centralisée et permettrait aux conseils locaux de gérer les affaires provinciales.

Cependant, les FDS n'ont pas accepté l'offre, insistant sur le maintien de leur présence militaire et de leur contrôle territorial. Elles ont proposé à l'administration de partager une partie des champs pétroliers et des puits à la place. Les FDS justifient leurs demandes en invoquant des préoccupations concernant une éventuelle invasion turque, ainsi que le manque d'intégration des factions de l'Armée nationale dans le ministère de la Défense.

En réponse, l'administration de Damas a rejeté l'idée de maintenir des factions militaires en dehors du contrôle de l'État et ne souhaite pas traiter les champs pétroliers comme un enjeu de négociation politique. Des rapports récents des médias affiliés aux FDS suggèrent que des réunions reprendront entre le leader des FDS, Mazloum Abdi, et le leader de l'administration syrienne, Ahmad al-Shara, bien qu'aucune date précise n'ait été établie.

Le Parti démocratique kurde au pouvoir dans la région du Kurdistan irakien s'est également engagé dans des efforts de médiation pour résoudre la question kurde en Syrie. Début janvier, le leader du parti et Premier ministre de la région du Kurdistan, Masrour Barzani, a visité Ankara pour rechercher des accords de médiation. Une semaine plus tard, il a envoyé son émissaire, Abdul Hamid Darbandi, à Qamichli, facilitant une visite pour le leader des FDS, Abdi, à Erbil, où il a rencontré Barzani. Cette rencontre a réuni Barzani, un allié d'Ankara, et Abdi, un adversaire acharné.

Des sources à Erbil ont rapporté que Barzani a travaillé pour convaincre Abdi d'unifier la position kurde en Syrie par le biais d'un dialogue avec le Conseil national kurde, visant à participer à une solution politique sans évoquer l'autonomie. Abdi a souligné la nécessité pour Barzani de tirer parti de ses relations avec la Turquie pour mettre fin aux opérations militaires, notamment dans la région de Tichrine, comme première étape vers un dialogue.

Erbil a exprimé sa volonté d'accueillir des discussions entre le nord-est de la Syrie et Damas ; cependant, cette dernière semble réticente car cela impliquerait une forme d'égalité politique avec les FDS, ce qu'elle rejette.

Depuis la mi-décembre 2024, la Turquie envoie des renforts militaires à la frontière opposée aux zones contrôlées par les FDS, comprenant des véhicules blindés et des unités d'infanterie, indiquant de potentielles opérations militaires. Les semaines récentes ont vu une augmentation de l'activité aérienne turque, ciblant les tranchées et les tunnels dans la campagne de Manbij, notamment près du barrage de Tichrine.

La Turquie exige le retrait des combattants du PKK du territoire syrien et la remise des armes des FDS à l'administration syrienne. Al-Shara a intensifié son discours contre le nord-est de la Syrie, affirmant que l'administration syrienne n'acceptera pas la division de la Syrie ni l'existence de groupes en dehors du contrôle de l'État. Le ministre de la Défense, Marhaf Abu Qasra, a laissé entendre que des options militaires seraient envisagées si les négociations échouaient lors d'une conférence de presse le 22 janvier.

Les FDS bénéficient d'un soutien total des États-Unis, avec des forces américaines maintenant plusieurs bases militaires à Deir ez-Zor, Hassaké et Raqqa. Ce soutien a été un facteur significatif empêchant une résolution militaire de la part de l'administration syrienne et de son allié turc.

L'ancien envoyé américain en Syrie, James Jeffrey, a décrit la position de la nouvelle administration américaine concernant les FDS. Il a noté que Washington ne fait plus de promesses aux FDS et que les raisons de la coopération américaine, principalement la lutte contre l'EI et la prévention des avancées russes, ont diminué. Jeffrey a déclaré que les États-Unis ne soutiennent pas la création d'une armée séparée au sein de la Syrie et encouragent les FDS à négocier avec la nouvelle administration syrienne.

De plus, il semble que les États-Unis travaillent à améliorer leurs relations avec l'administration syrienne, en particulier concernant les efforts de lutte contre le terrorisme. Des rapports indiquent que les États-Unis ont engagé des échanges d'informations directs avec Hay'at Tahrir al-Sham après la chute d'Assad.

Ce développement suggère que les FDS ne sont plus le seul partenaire des États-Unis en Syrie concernant sa préoccupation principale de prévenir le retour de l'EI. Il est probable que Washington teste la volonté de la nouvelle administration à collaborer sur la lutte contre le terrorisme avant de prendre des décisions concernant l'avenir des FDS.

Dans l'ensemble, les circonstances actuelles indiquent que les FDS pourraient avoir du mal à maintenir leur statut distinct de l'État syrien, surtout avec les premiers signes du désir de l'administration Trump de coordonner les positions avec la Turquie, illustrés par le premier appel du nouveau secrétaire d'État Marco Rubio concernant le dossier syrien avec le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan.

De plus, Erbil, qui entretient de bonnes relations avec Washington, exerce une pression diplomatique pour parvenir à un consensus entre les FDS et le Conseil national kurde syrien avant les négociations avec Damas. Cela pourrait offrir à l'administration syrienne des options pour parvenir à un accord avec d'autres factions kurdes si les FDS restent obstinées.

Par conséquent, les FDS pourraient être contraintes de faire des concessions compte tenu de la position américaine en déclin, des pressions militaires turques et des opérations militaires continues sur le terrain.

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