Le déficit public du Mexique, mesuré par les Exigences Financières du Secteur Public (RFSP), a atteint des niveaux sans précédent, selon le Ministère des Finances et du Crédit Public (SHCP). En août 2024, le RFSP s'élevait à 1,10 trillion de pesos, marquant une augmentation de 53 % par rapport à la même période l'année précédente.
Les niveaux de dette de cette année, tels qu'indiqués par le RFSP, sont les plus élevés enregistrés depuis 2008, lorsque le SHCP a commencé à suivre cet indicateur. L'organisation Mexico Evalúa a noté que la promesse de l'ancien président Andrés Manuel López Obrador de ne pas augmenter la dette nationale n'a pas été tenue, car le RFSP montre un niveau dépassant celui des crises économiques précédentes.
Le déficit pour janvier à août a dépassé 1 trillion de pesos, soit trois fois plus qu'en 2018, reflétant une augmentation de 203 % en termes réels. Le gouvernement n'a pas fait face à des niveaux de dette aussi élevés même pendant la pandémie de COVID-19 ou la crise financière de 2008. La nouvelle administration, dirigée par Claudia Sheinbaum, fait face à d'importants défis à venir.
Pour 2024, le RFSP devrait se clôturer à un niveau historique de 5,9 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Le SHCP a indiqué que cette dette a été contractée pour achever des projets d'infrastructure prioritaires, tels que le Train Maya et la raffinerie de Dos Bocas, afin d'éviter de transmettre ces pressions financières à l'administration de Sheinbaum.
En août, la dette historique totale a atteint 16,5 trillions de pesos, soit une augmentation de 11,5 % par rapport à l'année précédente. De ce montant, 12,33 trillions de pesos étaient en monnaie nationale, tandis que 4,2 trillions de pesos étaient contractés en monnaie étrangère.
Le défi immédiat de Sheinbaum est de stabiliser le RFSP l'année prochaine entre 3 % et 3,5 % du PIB grâce à une consolidation fiscale, ce qui pourrait impliquer d'augmenter les revenus budgétaires et de réduire les dépenses publiques. Cependant, le Centre de Recherche Économique et Budgétaire (CIEP) avertit qu'une réduction de 1,8 % du PIB du déficit budgétaire est nécessaire.
Le CIEP souligne la nécessité d'une réforme fiscale globale pour améliorer la collecte des revenus et promouvoir l'équité fiscale. Bien que Sheinbaum puisse initialement continuer l'approche de López Obrador d'éviter une réforme fiscale, les pressions sur les dépenses publiques indiquent que des changements significatifs pourraient être nécessaires.
Malgré les réductions potentielles des dépenses publiques, atteindre la réduction ciblée du déficit à 3 % du PIB pourrait s'avérer difficile. Les calculs du CIEP suggèrent que l'achèvement des projets emblématiques et la baisse des taux d'intérêt moyens pourraient réduire le déficit de 1,1 % du PIB, mais cela ne suffira pas à atteindre l'objectif de 3 %.
Pour une consolidation fiscale efficace et durable, le CIEP appelle à des discussions sur la réforme fiscale globale pour élargir la base d'imposition et améliorer l'efficacité des dépenses, tout en garantissant l'équité entre les secteurs sociaux et les générations.