Srebrenica: Les leçons éthiques d'un génocide oublié

Le 11 juillet 2025 marque le 30e anniversaire du génocide de Srebrenica, une tragédie qui continue de hanter la conscience européenne. Au-delà des commémorations, il est impératif de se pencher sur les implications éthiques de cet événement, afin de comprendre comment une telle atrocité a pu se produire et comment l'empêcher de se reproduire. L'éthique de la responsabilité est au cœur de cette réflexion. Comment les Nations Unies, qui avaient déclaré Srebrenica "zone de sécurité", ont-elles pu faillir à leur mission de protection? Le contingent néerlandais de la FORPRONU, fort de 370 soldats légèrement armés, n'a pas réussi à empêcher la capture de la ville et le massacre qui a suivi. Cette défaillance soulève des questions fondamentales sur la responsabilité des organisations internationales et des États membres dans la protection des populations civiles en temps de conflit. Le gouvernement néerlandais a d'ailleurs démissionné en 2002, reconnaissant son incapacité à empêcher le massacre. La question de la négation du génocide est également cruciale sur le plan éthique. Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, a souligné l'importance d'honorer les victimes et d'écouter la société civile pour prévenir de futures violations des droits de l'homme. Pourtant, le négationnisme persiste, alimenté par des forces nationalistes et des puissances autoritaires. Cette négation constitue une insulte aux victimes et une menace pour la réconciliation. Enfin, l'éthique de la mémoire nous invite à nous souvenir et à transmettre l'histoire de Srebrenica aux générations futures. La résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies, adoptée en mai 2024, proclamant le 11 juillet Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide de 1995 à Srebrenica, est un pas dans la bonne direction. Cependant, il est essentiel que les États membres intègrent ces faits dans leurs systèmes éducatifs afin de prévenir la distorsion et la négation. Le silence face à de telles atrocités est une forme de complicité. En honorant la mémoire des victimes et en tirant les leçons éthiques de Srebrenica, nous pouvons contribuer à bâtir un avenir plus juste et plus pacifique.