Le 24 octobre 2024, un cyclone extratropical a radicalement modifié le paysage aride du désert du Sahara, créant des lacs éphémères suite à des pluies intenses qui ont apporté l'équivalent d'une année de précipitations au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye en quelques jours seulement. Notamment, le lac Sebkha el Melah en Algérie a émergé, révélant un paysage rappelant un passé beaucoup plus vert et humide dans cette vaste région désertique.
Les images satellites de l'Operational Land Imager-2 de la NASA à bord du Landsat 9 montrent un contraste frappant entre le lit sec du lac le 12 août et son remplissage le 29 septembre. Le lac couvrait 191 kilomètres carrés avec une profondeur de 2,2 mètres, étant environ rempli à 33 %, selon Moshe Armon, chercheur à l'Université hébraïque de Jérusalem qui a analysé les données satellites.
Les images prises par le Landsat 9 et d'autres satellites, comme le Terra de la NASA, mettent en évidence les changements non seulement dans Sebkha el Melah mais aussi dans d'autres lacs éphémères près d'Erg Chebbi au Maroc, indiquant comment les rivières débordantes des montagnes de l'Atlas ont contribué à ce phénomène, comme l'a rapporté Live Science.
Ce phénomène transitoire rare et largement non documenté n'est survenu que deux fois dans Sebkha el Melah depuis 2000, avec des occurrences précédentes en 2008 et 2014. Le phénomène offre des aperçus sur le climat du Sahara il y a des milliers d'années, durant la période humide africaine, lorsque le désert était beaucoup plus vert et humide, soutenant la vie humaine ancienne.
Malgré des preuves suggérant un passé plus humide, un débat scientifique est en cours concernant les niveaux d'humidité historiques du Sahara. Les modèles climatiques actuels échouent souvent à reproduire les niveaux de précipitations nécessaires pour soutenir les vastes lacs qui auraient existé. Des événements comme le remplissage de Sebkha el Melah fournissent des données critiques pour comprendre ces climats historiques.
Le Dr Moshe Armon avance l'hypothèse que des événements de pluie extrême, comme ceux observés en septembre dans le nord-ouest du Sahara, ont pu être plus fréquents par le passé. Étant donné le processus de séchage lent de ces lacs, des événements similaires auraient pu les garder partiellement remplis pendant des années ou des décennies, même avec des pluies peu fréquentes.
Ces découvertes sont essentielles pour comprendre à la fois le climat historique et futur du Sahara. Bien que de petites variations orbitales connues sous le nom de cycles de Milankovitch aient été les principaux moteurs de la période humide africaine, le changement climatique actuel ajoute une complexité à ces modèles.
Les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) suggèrent que certaines zones du Sahara pourraient connaître des augmentations de précipitations à mesure que les températures mondiales augmentent, tandis que d'autres pourraient devenir encore plus sèches. Cependant, les incertitudes entourant ces projections restent significatives, laissant l'avenir du Sahara incertain.