La sécheresse sévère qui frappe le sud-est de l'Espagne provoque une vague silencieuse de destruction parmi la flore de la région. À Murcie, des centaines de milliers d'arbres et d'arbustes succombent à un stress hydrique sévère, marquant la pire sécheresse depuis 50 ans. Roque Pérez, doyen du Collège officiel des ingénieurs forestiers de Murcie, a déclaré : "Des pentes entières se dessèchent ; nous n'avons jamais vu ça auparavant."
Selon les évaluations récentes, 622 espaces naturels publics couvrant 16 830 hectares, soit 5,4 % de la superficie forestière de la région, ont été affectés. Environ 400 000 pins d'Alep, l'espèce la plus abondante, sont morts, les forêts privées subissant des pertes encore plus importantes. L'année hydrologique qui vient de se terminer a été la plus sèche jamais enregistrée, avec une précipitation moyenne de seulement 137 litres par mètre carré, soit moins de la moitié de la quantité habituelle.
La sécheresse n'affecte pas seulement les forêts de pins, mais touche également d'autres espèces vitales telles que les chênes-lièges et les genévriers, avec des mortalités massives signalées dans divers écosystèmes. Les effets les plus alarmants se font sentir dans cinq parcs régionaux, où des portions significatives des forêts et du sous-bois ont péri. Les zones le long de la vallée du Guadalentín et de la bande côtière d'Águilas à Carthagène ont également été gravement touchées.
Les experts attribuent cette crise au changement climatique, qui a intensifié les cycles de sécheresse et modifié les schémas de précipitations. Miguel Ángel Esteve, professeur d'écologie à l'Université de Murcie, a noté que la flore du sud-est de l'Espagne n'est pas adaptée aux nouveaux schémas de pluie, entraînant un stress accru et des taux de mortalité parmi les écosystèmes forestiers.
Bien que 2023 n'ait pas été particulièrement sèche dans l'ensemble, la plupart des précipitations se sont produites en seulement deux mois, ce qui a entraîné des conditions insuffisantes pour la croissance des plantes. La combinaison de températures élevées et d'un manque de froid hivernal devrait changer considérablement le paysage, de nombreuses espèces n'étant pas en mesure de survivre.
En réponse à ce désastre écologique, Pérez plaide pour une révision complète des politiques de gestion forestière et des mesures d'urgence immédiates pour éliminer les arbres morts et prévenir les épidémies de ravageurs. Il souligne que les sécheresses deviendront plus fréquentes, nécessitant des stratégies proactives pour l'avenir. Le gouvernement régional a initié l'élaboration d'une nouvelle loi forestière, qui impliquera la collaboration entre les propriétaires fonciers et les ingénieurs forestiers pour établir un cadre de gestion forestière durable.