Les chimpanzés en Côte d'Ivoire combinent des vocalisations avec des structures de type syntaxique

Au cœur des forêts ivoiriennes, les chimpanzés, nos plus proches parents sur l'échelle de l'évolution, montrent des précurseurs du langage humain. Une nouvelle étude révèle leur capacité à combiner des vocalisations d'une manière qui ressemble à la syntaxe.Des chercheurs de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste et du Centre de recherche en neurosciences de Lyon ont observé trois communautés de chimpanzés dans le parc national de Taï, en Côte d'Ivoire. Ils ont analysé plus de 9 000 vocalisations, identifiant 12 types d'appels individuels combinés en au moins 16 formes différentes.Ces combinaisons n'étaient pas aléatoires; les chimpanzés modifiaient ou élargissaient le sens de leurs appels. Certaines combinaisons étaient compositionnelles, ajoutant la signification des deux éléments (par exemple, «alimentation + repos»). D'autres étaient idiomatiques, générant de nouveaux messages impossibles à déchiffrer à partir de leurs parties (par exemple, «repos + affiliation» résultant en «nidification»).Cette structure de communication ressemble à la façon dont les humains construisent des phrases avec une syntaxe. Cédric Girard-Buttoz, premier auteur de l'étude, a déclaré: «Nos résultats indiquent un système vocal génératif chez les chimpanzés, ce qui n'a pas été observé avec une telle clarté chez aucun autre animal.»La découverte a des implications évolutives importantes. Si les chimpanzés peuvent combiner des sons pour exprimer des idées complexes, leur ancêtre commun avec les humains avait probablement des capacités combinatoires sophistiquées. Ce vestige vocal pourrait être la graine du langage humain.Roman Wittig, directeur du projet Chimpanzé de Taï, souligne la nécessité de préserver ces communautés. Catherine Crockford, auteure principale, souligne la nécessité de recadrer les questions sur le langage. Elle demande: «Si nous combinons des sons pour former des significations complexes, et les chimpanzés aussi, à quel point notre capacité linguistique est-elle unique?»